Shiatsu, Sophrologie & Réflexologie Plantaire

 

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Hommage à Keiko, suivi d’une sclérose latérale amyotrophique par le Shiatsu et la Réflexologie.

Elle s’appelait Keiko, et je la voyais, en séance de Shiatsu et de Réflexologie, toutes les semaines pendant plus de quatre ans.

 

Elle était japonaise et pianiste de concert. Au début, elle venait à mon cabinet chaque semaine. Elle était atteinte de sclérose latérale amyotrophique (SLA), une maladie neurodégénérative grave qui se manifeste par une paralysie progressive des muscles impliqués dans la motricité volontaire et affecte également la phonation et la déglutition. Elle se savait condamnée à brève échéance. Nous en parlions régulièrement, d’abord de manière intellectuelle puis, avec les mois qui passaient, de manière de plus en plus émotionnelle.

 

Nous parlions également de musique et échangions sur cette passion commune. Son français était impeccable et j’appréciais sa double culture. Il est vrai que j’avais accès à certains des codes japonais, d’abord par ma formation en Shiatsu (qui est un art japonais avant tout), et surtout parce que j’avais été assistant pendant des années de mon Maître japonais. Ces liens profonds entre nos cultures m’ont permis d’établir une connexion unique avec elle, qui allait au-delà du simple traitement.

 

Au bout de deux années, elle me demanda si je pouvais venir chez elle, car se déplacer devenait très difficile pour elle, compte tenu de sa maladie. Je la traitais par le Shiatsu et la Réflexologie Plantaire, d’abord dans mon cabinet, puis au sol chez elle, et enfin sur son lit. Le diagnostic le plus chronique était un vide de plus en plus important du Yin du Rein et du Foie (l’énergie de base de notre existence), sans compter sur la nécessité de calmer le Shen (la sphère émotionnelle) et de stimuler le Ki (l’énergie vitale) de la Rate-Pancréas pour renforcer l’énergie au niveau musculaire. Les deux dernières années, l’utilisation des huit Merveilleux Vaisseaux (les fondements énergétiques de l’être) a également été prépondérante dans mon travail.

 

Les deux dernières années de cet accompagnement ont été marquées par l’ajout de la Réflexologie Plantaire pendant les séances de Shiatsu. Tout d’abord pour renforcer l’énergie vitale via un travail des zones viscérales, ensuite parce que la Réflexologie Plantaire m’a permis d’ajouter des phases de travail douces sur la flexibilité articulaire, en stimulant les grandes zones articulaires sur les pieds. Enfin, cette approche m’a permis d’amplifier le travail d’harmonisation de la sphère émotionnelle, notamment en luttant contre l’insomnie due à l’anxiété constante ressentie par la patiente, exacerbée par l’accroissement du vide de Yin général.

 

La survie à cette maladie est en général de 3 à 4 ans après le début des premiers symptômes. L’avancée de la maladie était inexorable, mais Keiko a pu gagner une année de plus, une victoire symbolique qui témoigne de sa force intérieure. La dernière année fut éprouvante pour moi, Keiko ne pouvait quasiment plus parler ; en tout cas, elle était souvent incompréhensible. Je précise qu’elle avait, jusqu’à la fin, toutes ses capacités cognitives, mais qu’elle était prisonnière de son corps qui la lâchait rapidement. Du peu que je pouvais comprendre, elle voulait vivre intensément jusqu’au dernier instant, une véritable leçon de courage et de résilience.

 

Les deux derniers mois, elle a été admise en soins palliatifs, et je m’y rendais chaque semaine avec l’accord du personnel médical de l’institution et de son mari. Keiko était branchée de partout, je n’avais accès qu’à ses pieds et difficilement à ses mains. Je lui donnais une séance de Réflexologie hebdomadaire de 40 minutes.

 

Ce furent des séances éprouvantes, tant physiquement qu’émotionnellement, mais j’ai été récompensé par un sourire et une forme de gratitude offerte du regard. C’est également une leçon de vie pour moi : être intensément présent et se concentrer sur l’essentiel.

 

Keiko est décédée fin janvier 2025. Son état était devenu insupportable pour elle, mais également pour ses proches. Je ne peux imaginer par quoi elle est passée, compte tenu du fait qu’elle avait toute sa tête, jusqu’à la fin.

 

Ma rencontre avec Keiko dans ma vie fut un privilège. Elle m’a appris à quel point chaque moment de vie, même dans la souffrance, peut être riche de sens. Son courage et sa volonté de vivre, malgré la maladie qui la consumait, m’ont profondément marqué. Keiko restera toujours une figure inspirante, un exemple de dignité et de force face à la maladie.

 

Cette expérience humaine m’a profondément transformé, tant au niveau personnel que professionnel. C’était la première fois que j’accompagnais par le Shiatsu et la Réflexologie une personne jusqu’à la fin de la vie.